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Les matériaux riches en lithium : dépasser les frontières pour de nouvelles générations de batteries

Avec la forte croissance de la mobilité électrique, les batteries au lithium voient leur demande augmenter, et une course mondiale est engagée pour produire les batteries les plus performantes afin d’étendre l’autonomie de ces véhicules.

Les réactions chimiques au sein des batteries mettent en jeu un transfert d’électrons à partir de cations (chargés positivement) ou d’anions (chargés négativement). Ce dernier cas, appelé « redox anionique », continue de mobiliser les équipes de recherche du RS2E. L’enjeu est de taille : une bonne maîtrise de ce phénomène ouvrirait la voie à des batteries au lithium à plus hautes densités d’énergie, et leur autonomie pourrait ainsi augmenter de 20 %.

Si les efforts pour développer des batteries plus performantes utilisant le redox anionique se multiplient, les scientifiques se heurtent encore à plusieurs blocages. Les batteries développées sur ce principe présentent des chutes de tension importantes, une cinétique lente et une hystérésis de tension importante, c’est-à-dire qu'une partie de l’énergie du système est perdue par dissipation thermique.

Pour comprendre l’origine de ces limitations et tenter de les contourner, une équipe internationale dirigée par le professeur Jean-Marie Tarascon, du Laboratoire de chimie du solide et de l’énergie du Collège de France, a poursuivi son voyage scientifique fondamental sur le matériau le plus convoité en termes d’applications, à savoir le « NMC riche en lithium » (de formule Li1,2Co0,13Mn0,54Co0,13O2). Leurs travaux, publiés dans la revue Nature Materials, soulignent que le nickel (Ni) et le cobalt (Co) à l’intérieur de ces matériaux facilitent le transfert d’électrons dans le processus redox anionique (ils jouent un rôle de pontage), mais conduisent à des performances très différentes en raison de leurs natures distinctes.

Pour comprendre le rôle de chacun de ces métaux, l’astuce a consisté à décomposer un matériau NMC riche en lithium en deux composés (Li1,2Ni0,2Mn0,6O2 et Li1,2Co0,4Mn0,4O2), qui ont ainsi pu être étudiés séparément. Une analyse approfondie combinant la spectroscopie d'absorption des rayons X et la microscopie électronique à transmission a révélé que le cobalt est meilleur dans la médiation du transfert d’électrons du redox anionique, mais qu’il déclenche une migration des métaux plus importante que le nickel, ce qui entraîne une dégradation plus rapide des performances du matériau et le phénomène d’hystérésis. La présence de cobalt reste toutefois importante et une synergie entre le cobalt et le nickel a été mise en évidence en faveur de la performance des batteries.

Une voie d’optimisation peut ainsi être explorée pour optimiser la composition des NMC riches en lithium en réduisant la présence de cobalt au profit du nickel, afin d’améliorer les performances de ces batteries de nouvelle génération pour les véhicules électriques de demain.

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Observation par microscopie électronique en transmission de la migration du cobalt (points blancs) dans le matériau, affectant les performances de la batterie.

 

Biao Li

Biao Li

Biao Li a obtenu sa licence et son doctorat dans le domaine de l’ingénierie énergétique à l’Université de Pékin (Chine). Pour son doctorat, son choix s’est orienté vers les batteries Li-ion, étant conscient de leur rôle de plus en plus important dans l’utilisation actuelle des énergies propres. Il est venu en France en 2019 pour un postdoc dans le groupe du professeur Jean-Marie Tarascon, au Laboratoire de chimie du solide et de l’énergie du Collège de France, où il passé près de quatre ans, avant de revenir à l’Université de Pékin pour un poste de professeur assistant.

L’augmentation de la densité énergétique des batteries Li-ion reste un défi constant. Les recherches de Biao Li portent sur une catégorie de matériaux cathodiques à haute densité énergétique. Passionné par le fondamental, Biao a pendant sa période postdoctorale tenté de comprendre avec succès la cinétique lente et l’hystérésis de tension, sur cette nouvelle classe de matériaux d’électrodes reposant sur le concept du redox anionique.

Selon son témoignage, le RS2E est une communauté scientifique qui regroupe d’excellents chercheurs aux compétences variées. C’est un très bon réseau qui peut combiner les talents de chacun pour réaliser des choses importantes : « J’ai vraiment été impressionné par ce groupe unique de chercheurs lorsque j'ai assisté pour la première fois à la réunion du RS2E à Amiens. Les scientifiques m’ont beaucoup aidé dans mes recherches, et travailler avec eux a été une expérience inoubliable et pleine de joie ».

« Je voudrais remercier le professeur Jean-Marie Tarascon, qui m’a trouvé parmi des milliers de personnes pour me donner la chance d’accomplir cet incroyable voyage scientifique et de vie. Je remercie également tous mes collègues et collaborateurs qui ont aidé et enrichi ma science et ma vie en France. »